Markov, mathématicien russe né au XIXᵉ siècle, est resté célèbre pour avoir modélisé des processus stochastiques, dont une des illustrations classiques est connue sous le nom de « démarche de l’alcoolique » : sachant qu’un ivrogne avance en faisant chaque fois un pas dans une direction aléatoire, au bout de combien de temps revient-il à sa position initiale ?
En avril, les marchés ont enchaîné de violents comportements contrastés. Pourtant, malgré cette volatilité extrême, malgré les nouvelles contradictoires distillées à un rythme soutenu par le président Donald Trump, les actions américaines terminent le mois quasiment inchangées… à l’image de l’ivrogne revenu à son point de départ sans vraiment savoir comment.
La comparaison a ses limites : à chaque étape, l’ivrogne n’a aucun souvenir de son pas précédent. On peut penser, au contraire, qu’il existe dans les marchés des effets de mémoire non négligeables. Mais la question qui nous intéresse est désormais la suivante : si l’on est plus ou moins revenu au point de départ, est-ce à dire que les nouvelles contradictoires du mois d’avril se sont finalement annulées les unes les autres ? Est-on, peu ou prou, revenu à la situation de fin mars ? Ou bien est-ce que les marchés font preuve de complaisance et interprètent mal une réalité nouvelle ?
Nous nous attelons à répondre à ces questions dans notre lettre d’investissement. Néanmoins, une large partie du reste du monde (Europe, Amérique du Sud, Asie pour partie…) nous paraît, sur le plan boursier, plus fréquentable. À l’image de la séquence de début d’année, le besoin — devenu nécessaire — de diversification, dont nous avons souvent parlé, s’amplifie. Pas plus exposés que les États-Unis aux tarifs douaniers, ces investissements « hors US » permettent d’éviter d’être dans l’œil du cyclone si Donald Trump revenait avec un nouvel épisode d’innovation économique délirante. En un mot : rester dans le jeu tout en s’immunisant partiellement contre une possible baisse de la prime d’exceptionnalisme américaine.